Des solutions de trains sans émissions pour assurer la décarbonation du secteur ferroviaire
Des solutions de trains sans émissions pour assurer la décarbonation du secteur ferroviaire
Au cours des trois dernières années, Alstom a reçu des commandes de trains régionaux alimentés à la fois par batteries et par hydrogène en Allemagne, en Italie et en France. La capacité d’innovation d’Alstom à proposer un portefeuille unique sur le marché de solutions à la fois composées d'hydrogène et de batteries est une étape majeure pour Alstom qui le place en tant que précurseur dans son domaine. Cela prouve une fois de plus notre rôle central du ferrovaire dans le marché. Entretien avec Brahim Soua, Vice-Président de la plateforme trains régionaux, sur les dernières innovations de mobilités durables développées par Alstom et les étapes à venir dans le cadre de la transition écologique pour laquelle le secteur ferroviaire a un rôle déterminant à jouer.
Brahim Soua est titulaire d'un doctorat de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et d'un diplôme de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers. Passionné d'excellence dans chacun des projets stratégiques dans lesquels il est impliqué, Brahim a occupé différents postes au cours de ses 23 années de carrière chez Alstom.
Lorsqu'il n'est pas impliqué dans le battement de records et le développement de nouvelles solutions, il aime faire de longues promenades à Montmartre et passer une bonne soirée au théâtre.
Retrouvez Brahim sur LinkedIn.
Quels sont les objectifs actuels concernant la gamme de solutions vertes ?
Notre stratégie visant à se concentrer sur les solutions de mobilité sans émissions remonte à 2014, et porte définitivement ses fruits en Europe aujourd'hui. Nos récents projets de trains régionaux en Allemagne, en Italie et en France pour les technologies de batterie et d'hydrogène confirment notre position de leader sur le marché de la mobilité durable. Dans le même temps, nous continuons à introduire notre Coradia iLint dans différents pays. Outre l'Allemagne, l'Italie et la France, l'iLint a été testée avec succès en Autriche, aux Pays-Bas, en Suède et en Pologne. Ces réalisations démontrent que la technologie de l'hydrogène d'Alstom est totalement adaptable à différents pays et prête à répondre à la demande croissante de transports verts.
Quelle est l’expérience d’Alstom dans l'utilisation de l'hydrogène et de la batterie ?
Nous sommes très fiers d'être des pionniers dans le domaine de la mobilité verte avec nos trains régionaux sans émissions. Alstom possède deux trains Coradia iLint de présérie, et avec plus de 200.000 km de kilométrage cumulé, l'iLint est déjà qualifié en Allemagne et en Autriche. L'expérience acquise dans ces deux pays européens nous permet de proposer un système hydrogène complet et optimisé qui comprend le matériel roulant, la maintenance et l'approvisionnement en hydrogène via un partenaire externe.
Au total, Alstom a actuellement quatre contrats pour des trains régionaux alimentés par des piles à hydrogène. Deux sont en Allemagne, le premier pour 14 Coradia iLint dans la région de Basse-Saxe, et le second pour 27 Coradia iLint dans l'agglomération de Francfort. Le troisième contrat vient d'Italie où nous construisons 6 Coradia Stream hydrogène dans la région de Lombardie, trains à hydrogène Coradia Stream dans la région de Lombardie - avec une option pour 8 autres, tandis que le quatrième est en France pour 12 trains à hydrogène Coradia Polyvalent répartis dans quatre régions françaises différentes.
En ce qui concerne les solutions de batteries, il convient de rappeler que nos trains à hydrogène utilisent des batteries dans le cadre de leur système de traction et que nous avons déjà acquis une grande expérience dans ce domaine avec nos trains Coradia iLint. Nous avons adapté la gamme Coradia pour qu'elle fonctionne avec tous les systèmes d'alimentation sans émission disponibles, de l'électrique à la pile à combustible à hydrogène en passant par la batterie électrique. Nos trains régionaux à hydrogène sont alimentés par des piles à combustible et offrent des performances comparables ou supérieures à celles d'un train diesel tout en ne rejetant rien d'autre que de l'eau. Parmi les autres exemples, citons le tramway Citadis de Nice, en France, ou la locomotive Prima H3.
Quels sont les facteurs à prendre en compte pour choisir entre l'hydrogène et la batterie ?
Nous analysons de nombreux paramètres, tels que les besoins opérationnels, l'infrastructure et la topographie existantes, le niveau d'électrification, la densité du trafic sur la ligne, le niveau des investissements nécessaires et, enfin, la taille de la flotte de véhicules.
D'une manière générale, les solutions à base de batteries sont plus adaptées aux sections non électrifiées de courte et moyenne longueur, tandis que les solutions à base d'hydrogène sont les plus appropriées lorsque l'autonomie est essentielle.
Mais il est important de garder à l'esprit que ces deux solutions sont complémentaires, chacune d'entre elles répondant à des besoins différents. Cependant, Alstom a une forte expertise dans ces deux domaines, et a déjà accompagné ses clients tout au long du processus de décision afin de les aider à identifier la solution verte qui leur convient le mieux.
Quels sont les défis pour les solutions vertes aujourd'hui, et comment y répondre ?
Chaque fois qu'une solution verte est introduite, l'ensemble du système, y compris le matériel roulant, doit être optimisé. En termes d'infrastructure de l'hydrogène, nous parlons de stations de recharge et de distribution. Les solutions à base de batteries, quant à elles, peuvent nécessiter des stations de recharge, ainsi qu'une électrification supplémentaire ayant un impact fort sur le coût et sur son efficacité économique.
Concernant la technologie hydrogène, l'investissement en infrastructure de ravitaillement peut être rendu plus efficace et économique si nous favorisons son partage avec d'autres types de transport à hydrogène - bus, camions et voitures - ce qu’on appelle le "couplage sectoriel". Pour ce type d’investissement, il est également important d'obtenir le soutien politique nécessaire ainsi que des partenaires pour former un écosystème commun.
En ce qui concerne la technologie batterie, nous nous confrontons aux limites de la distance. Alors qu'un train à hydrogène peut parcourir 1000 km sans être rechargé, l'autonomie d'un train à batterie est plus limitée. Avec la nouvelle technologie à batterie sur laquelle nous travaillons actuellement, il est possible de la porter à plus de 120 km. Toutefois, ces chiffres sont loin d'être définitifs, car nous apprenons en permanence et réalisons des avancées dans ce domaine.
Quels sont les objectifs actuels concernant la gamme de solutions vertes ?
Nous souhaitons accompagner nos clients dans l’arrêt progressif du diesel d'ici 2040. De nombreuses grandes entreprises se sont engagées à devenir totalement non polluantes à cette échéance. Mais avec un portefeuille complet de solutions durables, uniques sur le marché, Alstom est déjà idéalement positionné pour accompagner ses clients dans cette transition. De plus, Alstom a renforcé son expertise dans le domaine de l'hydrogène avec l'acquisition d'Helion Hydrogen Power. Le développement de ces solutions se poursuit et permet de proposer des solutions optimales pour chaque client et pour chaque cas spécifique.
En parallèle, nous cherchons à améliorer l'impact environnemental des trains Alstom qui fonctionnent encore au diesel et à minimiser les émissions de CO2. Pour y parvenir, nous utilisons des groupes motopropulseurs hybrides qui combinent batterie et diesel. D'autres carburants alternatifs sont également en cours d'évaluation.